Le saviez-vous ?
Aujourd’hui, en France, un salarié sur deux est encore en situation de détresse psychologique, et un sur quatre en burn-out, selon le dernier baromètre d’Empreinte Humaine.
Face à cette situation qui perdure, la qualité de vie et des conditions de travail, ou QVCT, prend tout son sens dans la vie d’une organisation. Concept phare et pluriel, je vous propose une série d’articles pour en définir les contours, avec un premier focus sur la bienveillance.
Qu’est-ce que la bienveillance ?
Selon Aristote, est bienveillant celui qui “ souhaite faire le bien de l’autre “. Il s’agit donc d’une attitude positive et empathique envers les autres qui se manifeste par des actes de gentillesse, de considération et de respect.
Et en entreprise ?
Dans le contexte de la QVCT, la bienveillance professionnelle se rapporte à la manière dont les employés sont traités par leurs collègues et leurs supérieurs hiérarchiques. Il s’agit ici de leur fournir un environnement de travail où ils se sentent écoutés, compris, respectés et soutenus.
Selon l’étude conjointe » les cadres et leur avenir “ réalisée par Cadre emploi et IFOP en 2019, 42% des personnes interrogées considèrent “ la bonne ambiance “ comme facteur de changement de travail.
La bienveillance a un impact considérable sur l’attraction et la rétention des talents, et donc la performance globale de l’organisation. Les employés qui se sentent bien traités sont plus susceptibles d’être engagés dans leur travail, de se sentir valorisés et de travailler plus efficacement. Ils sont également plus susceptibles de rester fidèles à leur entreprise et de contribuer positivement à sa culture.
Rouage essentiel de la politique RH d’une entreprise, donc, la bienveillance fait l’objet de nombreux écrits et discours, mais mesurer son application dans la pratique est difficile, d’autant plus qu’à l’aune de sa propre expérience, chacun se définira comme bienveillant. Paradoxalement, dans les faits, la bienveillance reste souvent à l’état de mots.
Voici l’exemple de Julien qui exerce en tant qu’expert dans un groupe d’assurance. Au fil des années, Julien a acquis une solide expérience et il se rend disponible régulièrement pour soutenir ses collègues dans leurs tâches ; il ne compte pas ses heures. D’ailleurs, il évolue en quelques années vers un poste d’expert, ce qu’il vit comme une reconnaissance de ses compétences et aussi de son savoir-être. Sa charge de travail est conséquente et il lui semble être sur tous les fronts. Tout semble aller pour le mieux mais en septembre, au retour de ses vacances, il se sent anxieux et déclenche plusieurs crises d’angoisse. Il se fait accompagner par des professionnels du bien-être et exprime se sentir plus solide et plus serein. En janvier un poste de manager se libère et il postule auprès de sa hiérarchie car cela fait un moment qu’il a envie d’encadrer une équipe. Son N+2 est alors très surpris et lui fait comprendre que ce n’est pas un poste pour lui et qu’il est un formidable expert dont personne ne peut se passer. Julien fait remarquer qu’encore une fois ce sont ses compétences techniques qui sont mises en avant. Il prend du recul mais au fond de lui, se sent dévalorisé et peu reconnu pour ses qualités humaines. Il entend alors dans un bruit de couloir qu’un professionnel va être recruté en externe. Il demande un nouveau rendez-vous pour mieux exprimer son besoin d’évolution, qui sans cesse est repoussé. Ce poste, il en a rêvé et aujourd’hui il se sent bloqué dans son élan professionnel. Peu à peu, il perd sa motivation et vient au travail à reculons.
Au niveau de l’organisation, la bienveillance se matérialise entre autres par la mise en place d’horaires de travail flexibles ou des options de travail à distance permet aux employés de concilier leur travail et leur vie personnelle. Elle s’exprime aussi par la formation : fournir des opportunités de formation et de développement professionnel permet aux employés d’acquérir de nouvelles compétences et à progresser dans leur carrière.
Dans cette optique de préserver un bon environnement de travail, certains employeurs organisent également des activités de team-building pour encourager la collaboration et la communication entre collaborateurs et avec leur ligne hiérarchique. Dans ma pratique, je rencontre des personnes qui travaillent dans un cadre que l’on pourrait qualifier d’idyllique : café gratuit, Happiness officers moment conviviaux réguliers, baby-foot et flipper, salle de repos, malheureusement, toutes ces initiatives, louables, ne constituent pas en elles seules de la bienveillance en entreprise, et cachent parfois des relations de travail où l’humain manque fatalement. Pire encore, elles peuvent exacerber les mal-être et les non-d
Reprenons l’histoire de Justine. Après avoir été en arrêt maladie en raison d’un épuisement professionnel, elle retourne au travail et discute avec son manager. Elle explique que le fait de s’être sentie dépossédée de son travail malgré ses efforts personnels l’a beaucoup affectée. Cependant, son manager ne l’écoute pas et ne prend pas en compte ses remarques. Finalement, Justine finit par acquiescer en disant qu’elle était simplement en surcharge de travail. Bien qu’il y ait effectivement une surcharge de travail, la vraie raison de son épuisement est passée sous silence : l’absence de considération de sa personne en tant qu’être humain, manque d’ouverture sur des cartes du monde différentes.
En déplaçant le problème de fond sur la charge de travail, qui est plus facile à entendre de chaque côté, Justine s’inflige une violence à elle-même et sa hiérarchie en fait de même. En réalité, la situation dépasse la simple question de la charge de travail et soulève des problèmes de respect et de reconnaissance professionnelle qui sont cruciaux pour la santé mentale et le bien-être des travailleurs. Il est important que Justine et son manager prennent le temps d’écouter et de comprendre les problèmes sous-jacents et il est important qu’ensemble ils puissent trouver des solutions durables qui permettent à Justine de retrouver son épanouissement professionnel et personnel.
Alors, remettons l’humain au cœur des processus. Plutôt que de multiplier les Happy Initiatives pour pallier le manque de considération de la personne, encourageons les pratiques de gestion positives telles que la reconnaissance, le feedback constructif et la communication ouverte.
Car la bienveillance, ce n’est pas être ou ne pas être, mais plutôt une pratique, au même titre que l’on pratique un art ou une hygiène de vie. Et au niveau individuel ou managérial, il existe plusieurs façons très simples de pratiquer la bienveillance au quotidien :
- Écoute active : être dans la bienveillance, c’est écouter activement les préoccupations et les besoins de mes collègues/ des collaborateurs de mon équipe. C’est prendre le temps de comprendre leurs propres points de vue, leurs préférences et leurs aspirations. En programmation neuro-linguistique, on parle d’ouvrir sa carte du monde.
- Reconnaissance : je peux exprimer ma gratitude et mon appréciation envers mes collaborateurs pour leur travail et leur contribution primordiale à l’organisation.
- Communication : c’est élément clé de la bienveillance : communiquer clairement et efficacement avec mes collaborateurs / collègues, en fournissant des commentaires constructifs et en étant transparents sur les décisions importantes.
- Feed-back : constructif pour que chacun puisse progresser et donner le meilleur de lui-même.
La bienveillance est une marque de respect de base dans les interactions humaines, en particulier dans le cadre professionnel. Cela signifie traiter les autres avec considération, empathie et gentillesse, et reconnaître leur dignité et leur valeur en tant qu’êtres humains.
C’est aussi se soutenir dans une équipe, au lieu de nourrir son propre égo en ayant l’impression de mieux faire que les autres, et prendre en compte les sentiments et les besoins des autres, en prenant soin de ne pas les blesser ou les offenser.
Voici l’exemple de Cathy qui exerce la fonction de gestionnaire de paie dans un établissement public. Elle reprend son activité en mi-temps thérapeutique suite à un arrêt long dû à un syndrome de burn-out. N’ayant pas été remplacée, ses collègues se sont réparties l’activité, ce qui a augmenté leur propre charge de travail. Après une année, elles se sentent fatiguées car leur propre charge à également augmentée. Pourtant au retour de Cathy, elles décident collectivement de garder une partie de ses tâches pour lui permettre une reprise sereine. Son manager fera des points réguliers avec elle et ses tâches lui seront réattribuées de façon progressive. Cathy dira « mes collègues ont été supers, on est une équipe soudée et on sait toute que l’on peut compter les unes sur les autres ! »
Reconnaitre la dignité et la valeur en tant qu’être humain
Il est évident que la pratique quotidienne de la bienveillance professionnelle dépend de l’engagement de la direction à adopter cette approche et de l’implication des employés à son égard. Mais ne l’oublions pas, en fournissant un environnement de travail où les employés sont traités avec respect, considération et empathie, les entreprises et les managers trouveront des employés plus engagés, plus productifs et plus satisfaits de leur travail.
Une réponse
Super article, mon exemple à moi reste delphine andré qui a toujours su faire attention au bien-être de ses employés avec le développement personnel.